En 2020 l’Unesco inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, l’art de la perle de verre. La fabrication de la perle de verre est un savoir-faire traditionnel qui concerne à la fois la France et l’Italie.
L’Unesco répertorie les savoir-faire culturels et immatériels dans le monde entier, cela dans une volonté de protéger ce qui est une richesse pour le patrimoine culturel.
Dans le cas de la fabrication des perles de verre, les méthodes de création sont utilisées par les artisans depuis des siècles, aboutissant à une pratique qui a transcendé à la fois l’objet et l’utilisation du verre. Cependant, la plupart des pratiques de création se transmettent surtout de manière orale entre les artisans et leurs apprentis dans les ateliers. Les apprentis acquièrent les savoirs principalement grâce à l’observation, l’expérimentation et la répétition des gestes des artisans. La transmission peut également se faire dans le cadre d’enseignements formels dispensés par des établissements techniques.
L’inscription à l’UNESCO en 2020 dans la catégorie patrimoine culturel et immatériel et les différents ateliers sur la fabrication des perles en verre, permettent à cet art de continuer à perdurer, cela valorise la dextérité manuelle et l’artisanat.
Création de la perle
La création de ce bijou, qui est répandu dans nos boutiques, est possible grâce à la maîtrise de l’art du verre.
Pour réaliser les perles, les artisans doivent posséder des connaissances sur la maîtrise à la fois de la matière qui est le verre, mais aussi de l’élément qui est le feu. Dans notre imaginaire collectif, l’art du verre est depuis des siècles l’apanage de la République de Venise. Cependant, ce savoir-faire est aussi connu en France. La création consiste à rassembler autour d’un noyau des cannes de verre multicolores. Les perles sont ensuite décorées et utilisées de diverses manières.
Les perles de verre sont des créations issues de l’art du verre. Le verre typique est composé de silice, de carbonate de sodium et de l’oxyde de calcium, lorsqu’il est chauffé à une température très élevée, c’est-à-dire environ 1 760 degrés Celsius, pour être ensuite rapidement refroidi. Ce mélange devient ce que l’on nomme du verre fondu. Le verre devient donc malléable, il peut ainsi être travaillé par l’artisan. On travaille le verre depuis l’antiquité, selon les différentes techniques, les différents verriers peuvent fabriquer une multitude de choses avec le verre. On peut citer entre autres, les vitraux des églises, des objets allant du vase au lustre.
Les perles de verre peuvent avoir une ou plusieurs couleurs (rouge, bleu, vert, rose). Là encore, c’est un savoir-faire, le verre est naturellement bleuté, cependant on peut colorer le verre naturellement ou chimiquement. Le verre contient naturellement des oxydes métalliques, la combustion du verre peut aussi lui donner une couleur en fonction des oxydes présents dans le sable comme la silice, le verre peut devenir vert cela se nomme la coloration indirecte. Pour ce qui est de la coloration dite directe, la couleur est donnée en ajoutant des mélanges d’oxydes métalliques pendant la fusion du verre. La tonalité et l’intensité d’une coloration dépendent de la nature et de la quantité des colorants ainsi que de la composition du verre lui-même. Pour obtenir une perle d’un beau bleu, il faut ajouter lors de la fusion de l’oxyde de cobalt.
Les verriers, une fois que le verre est fondu et donc malléable, vont pouvoir façonner à ce moment les perles, cela se nomme le soufflage de verre. C’est à ce moment-là, quand le verre est fondu, que le verrier dépose une petite quantité de verre sur le mandrin (tige en cuivre, verre ou fer) pour former un noyau. Un décor est déposé sur le noyau à l’aide de fines tiges de verre préparées au préalable.
Pour pouvoir travailler le verre, les artisans utilisent un chalumeau, il permet de façonner le verre chaud en une bulle flexible. Selon les différents pays, on utilise différentes techniques pour la création des perles.
Le savoir-faire
En France, les perles en verre dites “pleins” , sont réalisées au chalumeau tout en ajoutant une rotation ce qui fait que la perle sous l’effet de la gravité va prendre une forme ronde.L’artisan utilise en plus, des instruments en métal (pince, couteau, évasoir), la source de chaleur qui est la flamme produite par un chalumeau, ce qui permet la combustion totale du gaz par un apport d’oxygène afin de modeler le verre.
La création de perles de verre au chalumeau est une technique qui ressemble à celle du verre filé. Le verre sous forme de baguette est chauffé à la flamme d’un chalumeau. L’extrémité fond et est déposée sur un support (verre, mandrin métallique) et étiré en un fil de verre en fusion, d’où le nom de verre filé.
La réalisation de perles nécessite l’utilisation du mandrin (la tige en cuivre ou en fer), sur laquelle sera déposé le verre. Une fois la perle refroidie, cette tige est retirée et laisse la place à un trou qui servira à enfiler la perle. Ensuite, un décor est déposé sur le noyau à l’aide de fines tiges de verre préparées au préalable. Ce processus peut durer de quelques minutes à plus d’une heure, en fonction de la complexité de la perle. La perle est finalement placée dans un four de “recuisson” pour améliorer ses caractéristiques. Certains artisans peuvent travailler ensuite la perle de verre à froid en la dépolissant ou en la taillant.
En Italie, les perles en verre dites “pleins” sont réalisées à peu près de la même manière. Pour ce qui est de la fabrication des perles creuses, la technique diffère aussi entre les deux pays. En France, les perles dites creuses sont élaborées, soit sur un mandrin, soit en soufflant dans une canne creuse, cette pratique est aussi celle du chalumeau ou dit de lume en italien.
Cependant, en Italie, c’est la technique da canna qui est utilisée. Les artisans utilisent pour cela des cannes creuses en verre. Ils vont ensuite en sélectionner une partie (selon la taille du bijou voulu). Ce tronçon est l’ébauche de la perle, celle-ci va prendre forme, quand le verrier va adoucir et polir la canne en question.
Toutefois, quand on pense aux perles de verre, notre imagination nous montre les Murrines. Ce sont les fameuses perles de verre de Murano, qui ont fait la célébrité de Venise. Bien que ce type de perle soit aussi fabriqué en France, selon la même méthode de fabrication.
Le travail des murrines est l’emblème de la culture verrière vénitienne. Ce savoir-faire de l’île de Murano est pour l’Italie un facteur identitaire important.
Ce sont les perles dont le processus d’élaboration est le plus complexe. Pour réaliser les murrines, le verrier doit assembler autour du noyau, des cannes de verre multicolores. Les perles sont ensuite décorées et utilisées de diverses manières.
Pour réaliser les perles, il faut utiliser la murina. La murina est une canne en verre possédant à l’intérieur de sa structure un dessin. Ce motif est obtenu par un étirement d’une boule de verre. L’étirement de la boule est rendu possible par l’utilisation d’un chalumeau, cette boule de verre est formée volontairement par des couches successives de verre de différentes couleurs, selon le dessin interne que l’on souhaite obtenir.
Quand la canne est refroidie, on la sectionne ensuite en tronçons pour obtenir les dischetti qui possèdent le même dessin concentrique. Ceux-ci seront utilisés pour fabriquer des perles millefiori, des pendentifs ou de la vaisselle.
Les cadeaux faits de perles de verre marquent certains événements et certaines occasions sociales, même à notre époque. On peut citer par exemple, les anniversaires, les mariages, les fêtes de fin d’année. Ici on peut voir que les perles en verre peuvent être un vecteur de promotion de la cohésion sociale.