Banksy n’est qu’un pseudonyme pour l’artiste de 39 ans qui est né à Bristol, au Royaume-Uni, bien que son vrai nom soit encore inconnu. Le mot « banksy » désigne une forme de graffiti de rue réalisée à l’aide de pochoirs, un moyen rapide et facile de peindre un tableau sur un mur. Banksy a été comparé aux graffeurs français Blek le Rat et Jef Aérosol, et il est considéré comme l’un des meilleurs et des plus influents graffeurs au monde par les jurys d’art académique, les collectionneurs et les curateurs.
Même si de nombreux critiques disent que Banksy dégrade les rues en vandalisant la propriété publique et que c’est une façon inacceptable de pratiquer l’art, il est difficile de douter qu’une grande partie de son travail ait une influence et une valeur éducative pour le public. La capacité de son art à faire réfléchir les spectateurs est une compétence que tous les artistes ne peuvent maîtriser. Nous pouvons donner l’exemple du graffiti qu’il a fait de Jésus tenant des sacs à provisions dans ses mains, qui est un excellent moyen de dénoncer la consommation excessive en période de Noël et d’en oublier le vrai sens.
Il aime provoquer, choquer et même déranger la société. Doté d’une grande capacité à enfreindre les règles, il parvient également à cacher son identité.
Néanmoins, de nombreux artistes se sentent inspirés par le street art de Banksy, en particulier par les pièces qui reflètent des commentaires sur l’ordre social des pays et les problèmes négligés ou ignorés par la société et les gouvernements. Pour aller encore plus loin, Banksy a démontré comment les forces de l’ordre sont plus occupées à garder les murs propres de son art qu’à traiter les vrais problèmes qui concernent la sécurité et le bien-être des citoyens.
Pourquoi Banksy représente-t-il autant le motif de l’enfant dans ses œuvres ?
Banksy représente souvent des enfants dans son art comme personnages centraux pour transmettre des idées à la société. Symboles de notre avenir, les enfants captivent notre attention et dérangent nos visions égocentrées.
L’image d’une petite fille qui lâche un ballon en forme de cœur, Girl with Balloon (Fille avec ballon) est l’une des œuvres les plus populaires de Banksy. Le geste et le ballon rouge présentent un message puissant qui peut être lu de plusieurs manières. Que nous voyions la fille en train de perdre le ballon ou sur le point de l’attraper, le sens peut être interprété comme une perte d’innocence ou l’arrivée d’un nouvel espoir et d’un nouvel amour. À côté, il y avait la célèbre inscription « Il y a toujours de l’espoir ». Toujours réalisé au pochoir, ce dessin a été peint en 2002 sur la façade d’un magasin londonien. Mais depuis quelques années, les Anglais et les touristes ne peuvent plus l’admirer : en 2014, il a été retiré du mur pour être vendu aux enchères. Récemment, en octobre 2018, le même tableau avait été attribué à un acheteur anonyme lors d’une vente d’art contemporain pour un montant de 1 042 000 livres, un record pour l’artiste. Quelques secondes après la vente, une sorte de déchiqueteuse apparemment cachée à l’intérieur du cadre, a détruit une grande partie de la toile qui a glissé vers le bas en de nombreuses bandes.
Les détails n’ont pas été communiqués, mais après ce qui s’est passé, Banksy a commenté sur Instagram : « Going, going, gone… » (En train de partir, en train de partir, disparue) pour confirmer son caractère non conventionnel et provocateur.

Cette fresque représente deux enfants jouant avec des seaux et des pelles, comme s’ils créaient des châteaux de sable sur une plage. Les garçons, l’un debout et l’autre à genoux, regardent le spectateur, rendu dans l’esthétique typique du pochoir noir et blanc de Banksy. Juste au-dessus des garçons, l’artiste a créé l’illusion d’un trou sur le mur gris. À travers ce faux trou, une image colorée photoréaliste d’une île paradisiaque est visible : une plage tropicale avec du sable, de l’eau cristalline et plusieurs palmiers. Les barbelés qui entourent le mur accentuent l’idée d’une oppression à laquelle ces enfants font face à travers leur créativité.
Banksy est un excellent exemple de la façon dont les artistes de rue utilisent le milieu environnant comme partie intégrante de leurs œuvres. Dans cette œuvre, il met en scène une simple silhouette noire d’un enfant avec un gros marteau, sur le point de frapper une bouche d’incendie.
Banksy et d’autres artistes de rue encouragent les spectateurs à imaginer les espaces, les surfaces et les objets urbains d’une manière différente, transmettant un sentiment de plaisir et stimulant l’imagination. Les espaces et surfaces urbains ne se limitent pas à leurs usages prescrits. Nous avons la liberté de réutiliser l’environnement.
Une bouche d’incendie n’est pas seulement un outil technique, mais peut devenir un jouet pour les enfants.
noobqoou– Banksy’s Street Art, Nov 5, 2019
C’est l’une de ses dernières peintures murales, apparue sur deux murs d’un garage privé dans le quartier de Taibach à Port Talbot, une ville industrielle du sud du Pays de Galles, considérée parmi les zones les plus polluées du Royaume-Uni principalement en raison de la présence d’anciennes scieries.
Dans des œuvres telles que Jack et Jill, deux enfants figurent sur un fond bleu plat, mais ce n’est pas une scène joyeuse. Leurs tenues d’été sont enveloppées par de lourds gilets pare-balles noirs arborant le mot “POLICE” et leurs visages contredisent la jeunesse de leur corps et de leurs vêtements, bordés par l’âge et figés dans un sourire inquiet. Ici, Banksy semble commenter à la fois l’innocence perdue des plus jeunes générations qui grandissent au milieu de la violence du cycle d’information 24 heures sur 24, ainsi que la présence constante de « l’État nounou » qui met en place des règles et lois, restreignant la liberté des enfants et des adultes.
On retrouve ce thème dans des œuvres telles que No Ball Games (pas de jeux de ballon) où l’artiste utilise l’ironie pour faire une déclaration sur l’effet de cette surveillance constante sur la jeunesse contemporaine. Et tandis que l’Etat providence est généralement la cible de Banksy, il semblerait d’après son livre publié en 2005, Wall and Piece (mur et pièce), que l’artiste pense que les parents sont également à blâmer pour cette culture de surprotection, déclarant “Beaucoup de mères feront tout pour leurs enfants, sauf les laisser être eux-mêmes.”
En plus d’utiliser des enfants pour mettre en évidence les problèmes sociaux au Royaume-Uni, Banksy a produit toute une série d’œuvres d’art mettant en vedette des personnages attachants pour commenter les injustices qui affectent les enfants et les adultes du monde entier.
Nola, également connue sous le nom de Fille avec un parapluie ou fille pluie, a été peinte par Banksy dans les rues de la Nouvelle-Orléans en 2008, trois ans après les événements tragiques de l’ouragan Katrina. Cette image représente une enfant essayant de s’abriter de la pluie, mais qui réalise qu’il ne pleut que sous son parapluie.
Offrant un commentaire sur l’échec du gouvernement américain à protéger ses citoyens pendant et après une catastrophe naturelle, Nola est une œuvre puissante qui résonne immédiatement auprès du spectateur.
Napalm est sans aucun doute l’une des œuvres les plus fortes et les plus percutantes de Banksy. Consolidant sa position comme l’un des plus importants artistes engagés, Napalm est une sérigraphie en trois couleurs et a été publiée en une édition non signée de 500 exemplaires. L’œuvre représente une photographie prise pendant la guerre du Vietnam, montrant une fille de neuf ans (Kim Phuc) fuyant l’horreur d’une explosion de Napalm. Le moment a été capturé par le photographe Nick Ut. Banksy a pris la photo comme contexte pour créer un contraste- en y représentant deux icônes américaines qui semblent familières du consumérisme (Ronald McDonald et Mickey Mouse), souriant alors qu’elles éloignent la fille terrorisée d’une catastrophe. Cette œuvre est une formulation par excellence et particulièrement forte de la critique de Banksy du complexe militaro-industriel, liant conflit violent et capitalisme.